
La province à majorité druze de Soueïda, dans le sud de la Syrie, est plongée dans de violents affrontements intercommunautaires depuis vendredi dernier. Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), au moins 89 personnes ont trouvé la mort, dont 50 Druzes (46 combattants, deux femmes et deux enfants), 18 membres de tribus bédouines, 14 membres des forces de sécurité syriennes et sept victimes non identifiées.
Ces violences ont débuté après l’enlèvement d’un commerçant druze par des membres de tribus bédouines qui avaient établi des barrages sur la route reliant Soueïda à Damas. Ce premier incident a déclenché une série d’enlèvements réciproques, intensifiant les tensions entre les deux communautés.
Selon le ministère syrien de l’Intérieur, les affrontements armés ont débuté dimanche dans le quartier d’al-Maqous de Soueïda avant de s’étendre à plusieurs localités de la province. Des groupes armés issus des tribus bédouines auraient notamment mené des attaques contre des villages druzes situés à la périphérie ouest et nord de la ville.
Face à l’escalade, les ministères syriens de l’Intérieur et de la Défense ont annoncé lundi le déploiement coordonné des forces de sécurité et de l’armée dans la région afin de rétablir l’ordre. Toutefois, cette intervention officielle s’est heurtée à une résistance marquée de la part des Druzes locaux, méfiants envers les autorités.
Lundi, l’armée israélienne est intervenue directement, annonçant avoir ciblé plusieurs chars appartenant aux forces gouvernementales syriennes, accusées de combattre aux côtés des tribus bédouines sunnites dans la région située entre Soueïda et Samia. Israël avait déjà procédé à des frappes aériennes en Syrie ces derniers mois, invoquant la protection de la communauté druze.
La principale autorité religieuse druze en Syrie, a vivement dénoncé l’intervention gouvernementale. Dans un communiqué publié lundi, elle accuse les forces syriennes d’avoir bombardé des villages druzes et d’avoir soutenu des « gangs takfiri » avec des armes lourdes et des drones. Cheikh Hikmat Al-Hijri, l’un des chefs spirituels les plus influents, a réclamé une « protection internationale immédiate », tenant les autorités pleinement responsables des violences.
De leur côté, les « Hommes de dignité », faction druze influente à Soueïda, ont condamné ces affrontements, jugeant qu’ils mettaient en péril la paix civile. Le groupe a clairement attribué la responsabilité au gouvernement syrien en raison de son incapacité à assurer la sécurité et de son inaction face aux violations répétées dans la région.
Les affrontements se sont poursuivis lundi aux abords de Soueida, marqués par des explosions et des échanges de tirs. Des renforts militaires syriens ont été acheminés dans la région tandis que des ambulances évacuaient les blessés vers les hôpitaux de Damas.
Les Druzes, qui représentent environ 700 000 personnes en Syrie, avaient jusqu’ici préservé une certaine neutralité tout au long du conflit civil. Depuis la prise de pouvoir d’Ahmed al-Charaa en janvier dernier, la communauté druze cherche à obtenir des garanties d’inclusion et d’équité.