
Le gouvernement syrien et la Turquie ont conclu vendredi un accord crucial permettant à Ankara de fournir quotidiennement du gaz naturel à la Syrie via un gazoduc reliant Kilis à Alep. Cet accord marque une étape importante dans les efforts syriens pour reconstruire les infrastructures énergétiques du pays, gravement endommagées par près de quatorze années de guerre civile.
Selon le ministre syrien de l’Énergie, Mohammad al-Bachir, l’accord prévoit une livraison quotidienne de six millions de mètres cubes de gaz naturel depuis Kilis, ville frontalière située au nord de la Syrie. « J’ai convenu avec mon homologue turc, Alparslan Bayraktar, de cette fourniture qui transitera par le gazoduc Kilis-Alep », a affirmé M. Bachir dans un communiqué diffusé par l’agence officielle syrienne SANA.
Cette initiative devrait avoir un impact immédiat en augmentant significativement les heures d’alimentation en électricité à travers le pays. Actuellement, les infrastructures syriennes souffrent de coupures fréquentes, souvent supérieures à 20 heures par jour, en raison des dommages considérables subis durant le conflit.
De son côté, Alparslan Bayraktar a précisé jeudi soir sur CNN-Turk que la Turquie commencerait à fournir du gaz naturel à la Syrie « dans les trois prochains mois », précisant que ce gaz alimentera la centrale électrique d’Alep pour produire de l’électricité de manière continue et fiable.
Ce rapprochement énergétique intervient dans un contexte plus large de soutien international à la reconstruction syrienne. En mars dernier, le Qatar avait également annoncé financer l’acheminement de gaz depuis la Jordanie vers la Syrie, destiné à produire jusqu’à 400 mégawatts d’électricité dans une première phase. Cela devrait progressivement augmenter la capacité de production à la centrale de Deir Ali, située près de Damas.
Depuis la chute de Bachar el-Assad en décembre, Ankara et Doha ont renforcé leur soutien au gouvernement syrien de transition, devenant les premiers États à rétablir des relations diplomatiques et rouvrir leurs ambassades à Damas. Les deux pays militent activement pour une levée générale des sanctions internationales à l’encontre de la Syrie.
En début d’année, deux navires de transport, envoyés conjointement par la Turquie et le Qatar, avaient déjà permis d’améliorer temporairement l’approvisionnement énergétique syrien après que les États-Unis eurent assoupli leurs sanctions, autorisant provisoirement l’aide énergétique au pays.
Plus récemment encore, la Grande-Bretagne a annoncé la levée des sanctions sur le secteur énergétique syrien, une mesure qui, selon Damas, permettra « d’améliorer directement les conditions de vie des Syriens ».
Cet article a été traduit et édité par Syria Intelligence (Asharq al-awsat, le 09 mai 2025)