
La Syrie a repris ses exportations officielles de pétrole brut pour la première fois en quatorze ans, expédiant 600 000 barils depuis le port de Tartous.
La Syrie a franchi une étape symbolique de son retour sur la scène énergétique internationale en procédant, lundi, à sa première exportation officielle de pétrole brut depuis quatorze ans. Une cargaison de 600 000 barils de brut lourd a quitté le port de Tartous à bord du pétrolier Nissos Christiana, dans le cadre d’un accord conclu avec B Serve Energy, société affiliée au négociant mondial BB Energy, ont déclaré lundi les autorités syriennes à Reuters.
Cette expédition, confirmée par le ministère syrien de l’Énergie et le Parlement, marque la première opération formelle de ce type depuis le début du conflit en 2011, qui avait ruiné le secteur pétrolier national. Avant la guerre, la Syrie produisait environ 380 000 barils par jour et le pétrole représentait près du quart du produit intérieur brut, générant plus de 3 milliards de dollars de recettes annuelles selon le FMI.
L’effondrement s’est amorcé dès 2014, lorsque la production a chuté à environ 25 000 barils par jour en raison des destructions d’infrastructures, de la perte des principaux champs au profit de l’État islamique et des sanctions occidentales. Privée d’accès aux marchés mondiaux, la Syrie s’était alors tournée vers l’Iran, dont elle importait près de 60 000 barils par jour à prix réduit. Ses raffineries, à Baniyas comme à Homs, fonctionnaient largement en deçà de leur capacité.
Un contexte politique et économique transformé a ouvert la voie à cette reprise. La destitution de Bachar al-Assad en décembre dernier, suivie du décret signé en juin par l’ancien président américain Donald Trump levant les sanctions économiques contre la Syrie, a considérablement modifié les perspectives. Plusieurs entreprises occidentales ont depuis manifesté leur intérêt pour l’exploration et la production en territoire syrien.
Parallèlement, Damas a conclu un protocole d’accord de 800 millions de dollars avec DP World, géant portuaire basé à Dubaï, pour moderniser et développer le terminal de Tartous. Des discussions ont également été engagées avec Bagdad afin de réhabiliter l’oléoduc Kirkouk-Baniyas, désaffecté depuis des décennies, qui reliait autrefois le pétrole irakien aux marchés européens via la Syrie.
Ces signaux s’ajoutent à la reprise partielle des activités de la raffinerie de Baniyas en juin dernier, avec l’exportation de 30 000 tonnes de produits pétroliers, et au lancement d’appels d’offres pour l’approvisionnement en brut et produits raffinés.
Si la production syrienne demeure encore loin des niveaux d’avant-guerre, cette première exportation officielle traduit la volonté des nouvelles autorités de relancer un secteur stratégique. Pour Riyad al-Joubasi, directeur adjoint du pétrole et du gaz au ministère de l’Énergie, elle incarne « un tournant décisif » dans la réintégration progressive de la Syrie au marché mondial de l’énergie.