À Moscou, le président syrien Ahmed al-Charaa appelle à « redéfinir » les relations avec la Russie

Le président russe Vladimir Poutine accueille le président syrien Ahmad al-Charaa au Kremlin, à Moscou, le 15 octobre 2025. (Photo : Alexander Zemlianichenko via Reuters)

Le dirigeant syrien a salué la coopération historique entre Damas et Moscou, tout en appelant à repenser les bases de cette alliance stratégique, lors de sa première visite officielle en Russie depuis son arrivée au pouvoir.

Le président syrien Ahmed al-Charaa s’est rendu à Moscou le 15 octobre pour un entretien avec son homologue russe Vladimir Poutine, marquant sa première visite dans la capitale russe depuis sa prise de pouvoir l’an dernier. Ancien chef de Hay’at Tahrir al-Cham, devenu président autoproclamé de la Syrie, M. Charaa a souligné son intention de « redéfinir » les relations bilatérales entre les deux pays, tout en réaffirmant son engagement à respecter les accords militaires et économiques conclus sous l’ancien régime.

« Nous respectons tous les accords passés avec la Russie et nous nous efforçons de redéfinir la nature de ces relations afin de garantir la souveraineté, l’intégrité territoriale et la stabilité sécuritaire de la Syrie », a déclaré M. Charaa au début de l’entretien, cité par les médias d’État russes. Il a salué les « liens historiques » unissant les deux nations, soulignant la nécessité de renforcer la coopération économique et énergétique.

Poutine, qui a accueilli le président syrien au Kremlin, a rappelé que la Russie et la Syrie entretiennent une « relation privilégiée depuis des décennies » et s’est félicité du « succès » des récentes élections législatives syriennes, bien que celles-ci aient été largement contrôlées par le pouvoir.

Selon la Commission électorale syrienne, sur les 210 sièges de l’Assemblée du peuple, 140 ont été désignés par des sous-commissions nommées par le président, tandis que les 70 restants ont été pourvus par décret.

Un dialogue axé sur la reconstruction et les bases russes

Les discussions ont porté sur la reconstruction du pays et sur l’avenir des bases militaires russes, notamment celle de Houmeimim, dans la région côtière de Lattaquié. Le Kremlin avait confirmé avant la rencontre que cette question serait au centre des échanges.

Le vice-Premier ministre russe Alexandre Novak a indiqué que Moscou et Damas s’étaient entendus pour convoquer une prochaine réunion conjointe du comité intergouvernemental russo-syrien :

« La Syrie a besoin d’être reconstruite : ses infrastructures, son énergie, ses transports. La Russie est prête à apporter son soutien, et plusieurs de nos entreprises souhaitent participer à la réhabilitation du secteur énergétique, bâti à l’époque soviétique », a-t-il déclaré à la presse.

Vladimir Poutine lors de son entretien avec le président syrien Ahmad al-Charaa à Moscou, le 15 octobre 2025. (Photo : Sergey Bobylyov / Sputnik)

Une relation pragmatique malgré un passé lourd

Selon des sources syriennes citées par Reuters, M. Charaa aurait également demandé à Moscou la remise de l’ancien président Bachar al-Assad, réfugié en Russie depuis la chute de son gouvernement en 2024. Le Kremlin aurait refusé cette requête, tout en réaffirmant son soutien à la stabilité du nouveau pouvoir syrien.

Les mêmes sources affirment que Damas chercherait à obtenir des garanties de non-réarmement des forces fidèles à Assad et à associer Moscou à la reconstruction de la nouvelle armée syrienne.

Charaa a affirmé, en septembre dernier, que sa prise de pouvoir s’était faite « dans le cadre d’un accord » conclu avec Moscou, après des négociations menées secrètement durant l’offensive éclair de onze jours qui a conduit à la chute du régime Assad.

Une alliance en mutation

Cette visite à Moscou consacre une phase de transition dans la relation entre les deux capitales : d’un soutien militaire unilatéral sous le gouvernement Assad à un partenariat que Damas souhaite désormais « équilibré et souverain ».

Si la Russie reste un acteur central de la stabilité syrienne, le nouveau pouvoir issu des rangs rebelles et djihadistes cherche à affirmer une diplomatie de normalisation, soucieuse d’attirer l’investissement étranger et de reconstruire un État ruiné par plus d’une décennie de guerre.

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