À peine la trêve annoncée après la rencontre entre al-Charaa et Abdi, Alep replonge dans les combats

La visite du commandant kurde Mazloum Abdi à Damas, les 7 et 8 octobre, avait ravivé l’espoir d’un apaisement entre les Forces démocratiques syriennes et le gouvernement d’Ahmad al-Charaa. Mais de nouveaux combats ont éclaté près d’Alep aujourd’hui.

Le président Ahmad al-Charaa et le commandant en chef des Forces démocratiques syriennes (FDS), Mazloum Abdi, se sont rencontrés le mardi 7 octobre à Damas, en présence de l’envoyé américain en Syrie, Thomas Barrack, et du commandant du Commandement central américain (CENTCOM), l’amiral Brad Cooper. Il s’agissait de la deuxième rencontre officielle entre les deux hommes depuis mars, sous l’égide conjointe de Washington et du CENTCOM.

Selon l’agence de presse pro-kurde Hawar, la délégation de l’Administration autonome comprenait, aux côtés de Mazloum Abdi, Ilham Ahmed et Rohilat Afrin, deux figures clés du mouvement kurde. Le ministre syrien de la Défense, Murhaf Abou Qasra, a confirmé la tenue d’un accord de cessez-le-feu « global et immédiat » sur tous les fronts du nord et du nord-est du pays.

Ce cessez-le-feu intervenait après de violents affrontements entre les FDS et l’armée syrienne dans les quartiers d’Achrafieh et de Cheikh Maqsoud à Alep. La chaîne publique al-Ikhbariyah a confirmé, le soir même, que les combats avaient cessé.

Des discussions « constructives », mais sans signature officielle

Le lendemain, l’Administration autonome du nord et de l’est de la Syrie (AANES) a publié un communiqué détaillant le contenu des réunions de Damas. Selon ce texte, les discussions ont porté sur trois volets essentiels : la révision constitutionnelle, la restructuration sécuritaire et les questions humanitaires.

La délégation kurde a insisté sur la nécessité d’une Constitution « représentant tous les habitants du pays et garantissant les droits de chaque composante ». Sur le plan militaire, les FDS ont plaidé pour une intégration dans un cadre national unifié, mais respectueux de leur structure interne : « Une armée efficace au service de tous les Syriens », selon leurs termes.

Les deux camps ont également évoqué le retour des déplacés et la lutte contre le terrorisme. Aucun texte n’a été signé, mais la délégation kurde a salué « l’esprit constructif » des échanges et remercié les États-Unis et la France pour leur médiation.

Ces pourparlers s’inscrivaient dans le prolongement de l’accord du 10 mars, négocié sous supervision américaine, prévoyant le transfert du contrôle des ressources énergétiques du nord-est à Damas et l’intégration progressive des FDS dans l’armée syrienne. Cet accord, suspendu après des divergences sur la nouvelle déclaration constitutionnelle du président al-Charaa, restait à l’époque gelé.

Une trêve aussitôt brisée

Mais l’élan diplomatique aura été de courte durée. Le 9 octobre, soit moins de quarante-huit heures après la rencontre de Damas, de nouveaux affrontements ont éclaté à proximité du barrage de Tichrine, à l’est d’Alep. Selon l’agence officielle SANA, les FDS auraient visé des positions de l’armée syrienne, provoquant la mort d’un soldat et plusieurs blessés.

Le ministère de la Défense a accusé les forces kurdes d’avoir violé la trêve « à plus de dix reprises » en quarante-huit heures. Les FDS ont répliqué en affirmant avoir « exercé leur droit légitime à la légitime défense », accusant des miliciens affiliés à Damas d’avoir déclenché les hostilités.

Ces heurts illustrent la méfiance persistante entre Damas et les forces kurdes, longtemps soutenues par les États-Unis dans la lutte contre l’État islamique. Depuis la prise de pouvoir d’al-Charaa, les FDS refusent une intégration complète sous commandement central, préférant conserver leurs unités autonomes.

« L’intégration militaire ne peut se faire sans véritable partenariat politique », a déclaré à Reuters Abdulwahhab Khalil, membre du Conseil des FDS.

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