Des membres du Service de sécurité générale (Image Omar Sanadiki/AP)

Les forces de sécurité syriennes impliquées dans le massacre de civils alaouites selon une enquête de Reuters

Des membres du Service de sécurité générale (Image Omar Sanadiki/AP)
Des membres du Service de sécurité générale (Image Omar Sanadiki/AP)

Le président syrien Ahmed al-Charaa a rejeté les accusations selon lesquelles les forces gouvernementales auraient participé aux massacres commis en mars dernier contre la communauté alaouite sur la côte syrienne. Pourtant, ces forces sont mises en cause par une enquête approfondie menée par Reuters, publiée le 30 juin, qui affirme leur implication directe dans ces exactions.

Selon l’agence britannique, entre le 7 et le 10 mars, « pas moins de 1 479 civils alaouites ont été tués et plusieurs dizaines d’autres portés disparus dans des violences perpétrées à travers 40 sites distincts. Ces attaques, motivées par la vengeance, se sont accompagnées de pillages et de destructions systématiques ».

L’enquête pointe explicitement du doigt des unités affiliées à Hayat Tahrir al-Cham (HTC), faction anciennement liée à Al-Qaïda et actuellement dirigée par le président intérimaire de la Syrie, Ahmed al-Charaa. Parmi ces groupes figurent le Service de sécurité générale, bras armé du ministère syrien de l’Intérieur, ainsi que l’Unité 400 et la Brigade Othman.

Malgré les démentis officiels assurant que le Service de sécurité générale était chargé de la protection des civils, Reuters révèle que cette unité, ainsi que l’Unité 400, auraient directement participé aux massacres dans au moins dix sites, causant la mort d’environ 900 personnes. L’Unité 400, décrite comme l’une des mieux entraînées et équipées, aurait été déployée dans les régions côtières après le renversement de Bachar al-Assad par Hayat Tahrir al-Cham en décembre dernier.

Une source au sein des services de renseignement étrangers a confié à Reuters que cette unité avait installé son quartier général dans l’ancienne académie navale syrienne, recevant des directives directement du ministère syrien de la Défense.

Près de 1 500 Alaouites syriens ont péri lors des massacres du 7 au 9 mars et des dizaines sont portés disparus. Reuters a découvert 40 sites distincts de meurtres, de saccages et de pillages par vengeance (source : Reuters)

L’enquête souligne également la participation significative de factions de l’Armée nationale syrienne (ANS), soutenue par la Turquie, telles que la brigade Sultan Souleiman Chah et la division Hamza, désormais intégrées au ministère syrien de la Défense. Mohammed al-Jassim, connu sous le nom de « Abou Amcha », un commandant influent de l’ANS, a même été promu chef de la 25e division de l’armée syrienne à Hama peu après les massacres.

Les factions de l’ANS, impliquées dans des exactions similaires par le passé, seraient responsables de la mort d’environ 700 personnes dans huit sites différents durant ces massacres. Un combattant de la brigade Sultan Souleiman Chah a publié sur les réseaux sociaux un message glaçant lors des violences, appelant explicitement au massacre.

Depuis la chute de Bachar al-Assad, la Syrie subit une inquiétante augmentation des enlèvements de jeunes femmes alaouites, certaines étant réduites à l’esclavage sexuel dans la région d’Idlib, selon des témoignages recueillis par Reuters.

Sous le commandement d’Ahmed al-Charaa, connu précédemment sous le nom d’Abu Mohammed al-Jolani, des groupes affiliés à Al-Qaïda, dont le Front al-Nosra, ont régulièrement commis des violences similaires depuis le début de la guerre civile syrienne en 2011. En août 2013, une attaque similaire avait entraîné la mort de 190 civils alaouites, ainsi que l’enlèvement de 200 autres, selon Human Rights Watch.

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