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Obama ordonne d’abattre les dirigeants d’Al-Qaïda en Syrie

Le Département d’Etat américain a édicté une nouvelle liste des organisations terroristes qui comprend quatre chefs d’Al-Qaïda en Syrie, nouvellement rebaptisé Jabhat Fath Al-Cham.

Le Président Barack Obama a ordonné de traquer et d’abattre les chefs d’Al-Qaïda en Syrie pour la première fois depuis le déclenchement du « printemps syrien » en 2011.

Cette mesure surprenante de la part d’Obama intervient alors que celui-ci est sur le point de quitter la Maison blanche, et seulement quelques heures après avoir reçu le président américain élu Donald Trump, qui a promis lors de sa campagne électorale de prendre des mesures fermes pour lutter contre le terrorisme et frapper Al-Qaïda et Daech, et également coopérer avec la Russie dans ce domaine.

L’Administration américaine avait fait part avec franchise, via ses responsables militaires, que ces derniers n’avaient reçu aucun ordre de frapper Al-Qaïda en Syrie, considéré par l’Administration Obama et par la presse américaine et européenne, « d’opposition modérée ». La plupart des personnes visées par les avions américains étaient certains chefs de première ligne, qui ont émigré en Syrie depuis le Khorasan, le Yémen ou autre part dans le monde islamique, dans le but de répondre à l’appel du chef d’Al-Qaïda Ayman Al-Zawahiri, qui a invité « l’ensemble des moudjahidin à se tourner vers le djihad en Syrie et à soutenir Jabhat Al-Nosra ».

Cette décision d’Obama intervient tardivement, après tout le soutien militaire, en équipement, en entraînement et en renseignements apporté par le Pentagone et la CIA à l’opposition syrienne et aux djihadistes présents dans les rangs des rebelles.

De même que les Etats-Unis ont apporté leur soutien diplomatique et médiatique aux djihadistes, faisant part maintenant de leur intention de les bombarder, en dépit de l’échec de toutes les tentatives précédentes pour trouver des forces arabes – en sus des kurdes -, qui suivent directement les Etats-Unis.

Quant à la raison du soutien apporté par les Etats-Unis à ceux qui furent durant des années considérés comme leurs pires ennemis – Al-Qaïda -, elle se divise en deux parties :

  • La première consiste à tirer profit de ceux-là en occupant la Russie en Syrie et en tentant de l’empêtrer dans le marécage moyen-oriental, tout en préservant l’intensité de la guerre pour éreinter l’Iran et ses alliés dans des batailles sans fin.
  • La deuxième raison tient à la crainte de voir l’effondrement des forces de l’opposition syrienne si les organisations djihadistes qui combattent à leurs côtés contre les forces du Président syrien Bachar Al-Assad venaient à être frappées.

La situation syrienne est cependant bien différente aujourd’hui. Les Russes ont en effet jeté dans la bataille leur porte-avions Kuznetsov. Et voilà qu’elle érige une base navale et aérienne pour affermir sa présence en Syrie pour une période de 49 ans.

La Russie a déclaré qu’elle ne permettrait pas aux djihadistes de triompher, et on la voit désormais jeter toutes ses forces dans les régions qui échappent au contrôle des forces du régime, dans le but d’accélérer le processus de grignotage, notamment après l’élection de Trump à la présidence des Etats-Unis, et qui avait fait part de son intention de ne pas opter pour une politique de confrontation avec la Russie en Syrie, mais au contraire de se retrouver avec elle.

Il est prévu que la force aérienne russe en Syrie soit doublée par rapport aux six derniers mois, puisque Poutine avait rappelé une bonne partie des avions pour ainsi donner une chance à la diplomatie américaine de séparer les modérés des djihadistes, cette même diplomatie qui a prouvé son échec. Ces avions commenceront leur travail sur plusieurs fronts, dont Alep, Tabqa, Jisr Al-Choughour et l’axe Al-Bab.

Concernant le principe consistant à « ne pas fragiliser l’opposition armée », Al-Qaïda a prouvé son échec lors de deux dernières batailles, l’une étant surnommée « la mère des batailles pour la libération d’Alep ». Tout ce qu’il a pu faire est de laisser plus de 2000 combattants morts ou blessés sur le champ de bataille, en dépit des dizaines d’opérations suicides aux nationalités diverses, des Ouïghours, en passant par les Saoudiens, Tunisiens ou Egyptiens. L’opposition et les djihadistes ont rejeté la proposition de la Russie de laisser les rebelles sortir d’Alep et d’évacuer avec eux les civils qu’ils désirent, croyant à une prochaine rupture du siège. Sauf que la bataille a débouché sur la perte de positions que contrôlaient les forces opposantes et les djihadistes comme « al-chuqaq 1070 » et les collines environnantes, ainsi que l’école Al-Hikma. Seul Dahiat Al-Assad connaît pour l’heure des combats.

Avec ces déconvenues, les Etats-Unis pensent que la force militaire sur laquelle elle peut miser contre la Russie, Assad et leurs alliés, ne sont plus valables pour renverser la balance stratégique sur le champ de bataille. C’est pourquoi les choses tournent en direction d’une frappe contre Daech à Raqqa, ou du moins de la tenue d’un siège dans le Nord-Est. Ses forces s’élargiront alors vers Palmyre, ou bien Daech restera sur la défensive. C’est ce qui a poussé Obama dans les derniers mois de son mandat à se convaincre du fait qu’il ne pourra pas changer l’équation sur le terrain. En cela, frapper Al-Qaïda est devenu une nécessité urgente, n’ayant pu en tirer profit en Syrie du fait que les autres partis, comme Ahrar Al-Cham, Noureddin Al-Zanki ou Jaych Al-Islam représentent en fait la majeure partie de l’opposition, et non pas Jabhat Fath Al-Cham.

Il y a également une autre raison dévoilée par les officiers du ministère américain de la Défense via divers rapports, qui font état de la préparation par Al-Qaïda d’attaques contre les Etats-Unis et l’Occident. Cette mise en garde coïncide avec d’autres rapports en provenance de sources au sein d’Al-Qaïda, selon lesquels le parti républicain américain est considéré comme le favori d’Al-Qaïda car il contribue à convaincre les musulmans que le djihad armé est la solution, qu’il est le résultat de la politique belliciste adoptée par les présidents qui se sont succédé à la tête des Etats-Unis, avec George W. Bush comme dernier exemple.

Ces sources djihadistes affirment que « l’opération de Septembre » (2001) est l’achèvement de cinq années de travail, avec une préparation des outils adéquates pour parvenir à sa réussite. C’est pourquoi, selon lesdites sources, Al-Qaïda a pris le temps nécessaire pour élaborer une autre opération, dont les fruits sont maintenant mûrs.

Ces propos interviennent après qu’al-Qaïda a dévoilé le fils de Ben Laden, Hamza, adressant des messages aux Etats-Unis, réitérant le serment de son père. Mais aussi après qu’Al-Qaïda a demandé publiquement à ses soutiens ou ses membres de préparer des opérations contre l’Occident.

Tout cela indique que les Etats-Unis ont joué un jeu bien dangereux, notamment après la montée en puissance d’Al-Qaïda en Syrie, car ils ont fait primer leur politique hostile à la Russie sur la sécurité occidentale. Leur réveil arrive tard, car Jabhat Fath Al-Cham comprend les combattants de la première heure d’Al-Qaïda, qui a investi toute son expérience pour le soutenir, montrant l’habileté de sa direction en évitant la confrontation avec les Etats-Unis des années durant. Ses membres se sont également montrés brillants dans une meilleure utilisation des armes les plus sophistiquées sur le terrain, où des batailles quotidiennes se jouent avec toutes les catégories d’armements. Jabhat Fath Al-Cham dispose désormais d’une expérience non-négligeable en matière de guerre et de politique. Les Etats-Unis ne pourront l’éradiquer de la base du djihad en Syrie, ni en dehors, alors que ce sont eux qui la combattent en Afghanistan, au Yémen ou dans d’autres pays islamiques et sur plusieurs continents.

Tout cela pour dire que la situation en Syrie s’oriente dans les mois à venir vers une escalade militaire sans précédent, jusqu’à que la solution politique arrive à maturité et que l’on demande le concours de l’opposition modérée pour combattre les djihadistes. Mais celle-ci aura besoin de gains afin de concrétiser les revendications les plus basiques, après de longues années de guerre. C’est ce que devra assumer le prochain président Donald Trump lors de son investiture dans les mois qui viennent. L’année 2017 apportera davantage de clarté quant au cours de la guerre, qui s’apprête à entrer dans la sixième année, qui sera la première pour le nouveau président américain.

Cet article a été traduit et édité par Syria Intelligence (Al-Raï, par Elijah J. Magnier, le 12 novembre 2016)

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