Le ministre syrien des Affaires étrangères en visite à Moscou pour normaliser les relations avec la Russie

Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov et le ministre syrien des Affaires étrangères Asaad al-Chibani tiennent une conférence de presse à l’issue de leur rencontre à Moscou, le 31 juillet 2025 (Chamil Zhoumatov/AFP)

Le ministre syrien des Affaires étrangères, Asaad al-Chibani, a déclaré jeudi que la Syrie souhaitait entretenir des relations « correctes et saines » avec la Russie, lors d’une visite à Moscou.

Le ministre syrien des Affaires étrangères, Asaad al-Chibani, s’est rendu à Moscou ce jeudi pour une visite marquant la première rencontre diplomatique officielle entre les deux pays depuis la chute du gouvernement de Bachar al-Assad en décembre dernier. Au cours de cette visite stratégique, M. Chibani s’est entretenu avec son homologue russe, Sergueï Lavrov, réaffirmant la volonté de la Syrie d’établir des relations bilatérales « correctes et saines », fondées sur la « coopération et le respect mutuel ».

Historiquement alliée de Damas, la Russie avait soutenu le gouvernement Assad durant 14 années de guerre civile, notamment par une intervention militaire directe. Suite au renversement d’Assad, qui s’est réfugié à Moscou après avoir été déposé par les forces rebelles, les relations entre les deux pays ont connu une période d’incertitude. Toutefois, Moscou a rapidement cherché à tisser des liens avec le nouveau gouvernement syrien dirigé par Ahmed al-Charaa.

Lors de la conférence de presse conjointe, M. Chibani a souligné que malgré la solidité historique des relations russo-syriennes, « certains gouvernements » étaient responsables de leur détérioration. « Nous représentons aujourd’hui une nouvelle Syrie », a-t-il déclaré, tout en reconnaissant les difficultés actuelles auxquelles sont confrontées les relations bilatérales.

De son côté, Sergueï Lavrov a exprimé la volonté de Moscou d’aider la Syrie à se reconstruire après plus d’une décennie de conflit destructeur. Il a aussi indiqué que la Russie était prête à réévaluer les accords passés avec le gouvernement d’Assad, affirmant que l’alliance entre les deux nations dépassait « la situation politique ou les changements de gouvernement ».

Un des points sensibles abordés concernait l’avenir des bases militaires russes de Tartous et Houmeimim, qui constituent les seuls avant-postes militaires officiels de Moscou hors des frontières de l’ex-URSS. Si aucun ministre n’a précisé la teneur des discussions à ce sujet, le ministre syrien de la Défense, Mourhaf Abou Qasra, présent également à Moscou, avait précédemment laissé entendre que la Syrie serait disposée à maintenir ces bases si cela servait ses intérêts.

Autre sujet délicat évoqué lors de cette rencontre : la situation de Bachar al-Assad. Le ministre syrien a appelé Moscou à soutenir un processus de « justice transitionnelle », pouvant faire référence indirectement au statut futur de l’ancien dirigeant, actuellement réfugié en Russie. En janvier dernier, Damas avait demandé, sans succès, l’extradition d’Assad.

La question sécuritaire régionale a également été au cœur des discussions, particulièrement les récentes frappes israéliennes en Syrie. M. Chibani a fermement condamné ces attaques, les qualifiant de « menace sérieuse pour la reconstruction du pays », accusant Israël de violations graves du droit international et de la Charte des Nations unies. Sergueï Lavrov, en écho à ces propos, a appelé la communauté internationale à s’impliquer davantage pour stabiliser la région.

Si la Russie entretient de bonnes relations opérationnelles avec Israël en Syrie, notamment pour des raisons stratégiques et sécuritaires, elle affirme néanmoins son opposition à ce que le territoire syrien devienne un théâtre d’affrontements géopolitiques internationaux.

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