Le président syrien reçu par Macron lors de sa première visite officielle en Europe

Le président intérimaire syrien al-Charaa reçu par le président Macron au palais de l’Elysée, le 7 mai 2025 (image Reuters/Présidence syrienne)

Le président intérimaire autoproclamé de Syrie, Ahmed al-Charaa, a rencontré le président français Emmanuel Macron au palais de l’Élysée le 7 mai, dans le cadre de son premier déplacement officiel dans un pays européen depuis sa prise de pouvoir en Syrie.

Accompagné d’une délégation ministérielle, Ahmad al-Charaa effectuait ainsi une visite sans précédent en réponse à l’invitation officielle du président français. Cette rencontre marque une ouverture notable des canaux diplomatiques entre Damas et l’Union européenne par l’intermédiaire de Paris, avec la perspective éventuelle d’une levée progressive des sanctions européennes imposées à la Syrie sous le gouvernement Assad.

Cette visite survient quelques jours seulement après celle du ministre syrien des Affaires étrangères, Asaad al-Chibani, aux États-Unis, soulignant ainsi les efforts diplomatiques actifs de la Syrie.

Lors de la conférence de presse conjointe à l’Élysée, Emmanuel Macron a affirmé son soutien à la stabilité et à la souveraineté syriennes. « Je compte sur vous », a-t-il déclaré à Ahmed al-Charaa, précisant que la France était prête à rencontrer la Syrie « à mi-chemin » si celle-ci poursuivait dans la bonne direction.

Le président français a également exprimé sa vive inquiétude face à la récente vague de violences confessionnelles en Syrie, insistant sur la nécessité de protéger tous les Syriens et de tenir responsables les auteurs de ces violences. Depuis début mars, des centaines de familles alaouites ont été victimes de massacres perpétrés par les nouvelles forces de sécurité sous le commandement d’al-Charaa. Récemment, la violence sectaire s’est étendue aux villes à majorité druzes au sud de Damas, entraînant des affrontements sanglants.

Macron a également évoqué la situation préoccupante à la frontière libano-syrienne, où des groupes extrémistes alliés au nouveau gouvernement syrien ont attaqué des positions militaires libanaises. « Nous sommes prêts à lancer des négociations entre le Liban et la Syrie pour délimiter clairement leur frontière », a affirmé le président français.

Par ailleurs, Macron a confirmé que la France envisageait une « levée progressive » des sanctions européennes contre la Syrie et a indiqué être en pourparlers avec les États-Unis pour retarder leur retrait militaire prévu du pays, en raison de la situation sécuritaire encore fragile.

Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a souligné que la France ne donnerait pas de « chèque en blanc » à la Syrie et conditionnerait son soutien à des mesures concrètes dans la lutte contre l’impunité, la réduction des violences sectaires et le combat contre l’État islamique. Il a précisé que c’est en raison de l’engagement du président syrien envers ces objectifs que cette visite avait été organisée.

De son côté, Ahmed al-Charaa a évoqué des discussions sur les relations bilatérales, la reconstruction, la sécurité, la justice et l’égalité, affirmant que les sanctions entravaient les efforts de la Syrie pour relever ses défis. Il a également confirmé que son gouvernement mène actuellement des négociations indirectes avec Israël, par l’intermédiaire de médiateurs internationaux, afin d’apaiser les tensions régionales et éviter toute escalade incontrôlée.

Enfin, al-Charaa a assuré avoir fourni des garanties à la communauté internationale concernant l’intégration des combattants étrangers dans l’armée syrienne, soulignant qu’une nouvelle constitution leur accordera la citoyenneté syrienne et exigera le respect de la législation nationale.

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