Le ministre syrien des Affaires étrangères, Asaad al-Chaibani, rencontre le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, à Pékin le 17 novembre 2025. (Photo : MAE Syrie)

La Chine et la Syrie intensifient leur coopération sécuritaire sur fond d’inquiétudes liées aux combattants ouïghours

Le ministre syrien des Affaires étrangères, Asaad al-Chaibani, rencontre le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, à Pékin le 17 novembre 2025. (Photo : MAE Syrie)
Le ministre syrien des Affaires étrangères, Asaad al-Chaibani, rencontre le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, à Pékin le 17 novembre 2025. (Photo : MAE Syrie)

La Chine et la Syrie ont annoncé lundi leur volonté d’approfondir leur partenariat stratégique et d’élargir leur coopération sécuritaire à la lutte contre le terrorisme, selon un communiqué conjoint publié par leurs ministères des Affaires étrangères. Cette déclaration intervient alors que Pékin s’inquiète de l’intégration, par les nouvelles autorités syriennes, de combattants djihadistes ouïghours auparavant engagés dans la guerre contre les forces de Bachar al-Assad.

Diffusé sur le compte X du ministère syrien des Affaires étrangères, le communiqué fait suite à la visite officielle du chef de la diplomatie syrienne, Asaad al-Chaibani, à Pékin, où il s’est entretenu avec son homologue chinois, Wang Yi.

Les deux responsables ont salué un dialogue « constructif », marqué par la réaffirmation du respect mutuel, de la non-ingérence et de la prise en compte des intérêts fondamentaux de chaque pays. Ils ont, surtout, insisté sur la nécessité d’intensifier leur coordination en matière de sécurité et de lutte antiterroriste. Chaibani a ainsi assuré que la Syrie « ne constituerait pas une menace pour la Chine » et empêcherait toute entité d’utiliser son territoire pour nuire à « la souveraineté et aux intérêts » chinois.

Wang Yi a de son côté redit le soutien de Pékin à la souveraineté syrienne, reconnaissant le gouvernement de Damas comme le « seul représentant légitime du peuple syrien », et salué les efforts entrepris par les nouvelles autorités pour rétablir l’État de droit, lutter contre les trafics et combattre le terrorisme.

La question sensible des combattants ouïghours

Le dossier le plus sensible abordé par les deux ministres concerne le sort des combattants ouïghours présents en Syrie.

Après la chute du gouvernement Assad, renversé début décembre par une coalition d’opposition menée par Hayat Tahrir al-Cham (HTC) – alors dirigée par Ahmed al-Charaa –, une partie des combattants étrangers, notamment issus du Parti islamique du Turkestan (TIP), ont été intégrés dans les rangs de la nouvelle armée syrienne.

Entre 3 500 et 4 000 combattants ouïghours ont rejoint la 84e brigade, une unité constituée en grande partie de combattants étrangers. En incluant leurs familles, la population ouïghoure présente en Syrie atteindrait près de 15 000 personnes.

Pékin considère le Parti islamique du Turkestan comme une organisation terroriste. La perspective de voir certains de ses membres intégrer l’appareil sécuritaire syrien suscite depuis plusieurs mois une profonde inquiétude en Chine.

Début novembre, Pékin s’était d’ailleurs abstenu lors d’un vote du Conseil de sécurité de l’ONU concernant la levée des sanctions visant le président intérimaire Ahmad al-Sharaa, invoquant « des préoccupations légitimes » quant à la gestion des combattants étrangers.

Vers des extraditions par vagues ?

Dans ce contexte, la question du rapatriement des Ouïghours est devenue un enjeu central du rapprochement diplomatique sino-syrien.

Le ministère chinois des Affaires étrangères a confirmé que la Syrie s’était engagée à empêcher l’utilisation de son territoire pour nuire aux intérêts chinois, tout en appelant Damas à prendre des « mesures efficaces » pour dissiper les préoccupations sécuritaires de Pékin.

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